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Philippe Lamy

Thérapeute de couples, sexothérapeute

Comment échapper à une emprise toxique ?

GÉNÉRALITÉS

Peu de personnes, victimes de ce type d’emprise, ont le courage d’échapper à leur bourreau, parce que celui-ci les a tellement tyrannisées, terrorisées et leur a tellement fait perdre tout repère qu’elles craignent, à la fois, ses représailles et d’être incapables de s’éloigner de son emprise toxique.

Peu, d’ailleurs, comprennent que le ressort principal de cette emprise c’est leur propre posture.

En effet, leur empathie, leur besoin d’être aimé.e.s et reconnu.e.s de la personne qui les manipule sont la cause première de la relation toxique, dont elles se croient “victimes”… et dont elles sont en réalité “co-autrices”.

Elles sont donc co-responsables du drame qu’elles vivent.

Leur bourreau vampirise en effet leur énergie et les détruit à petit feu – ne visant qu’à déstabiliser leur victime pour l’asservir – mais cette dernière ne veut pas le voir…

Or, en s’enfermant dans un mécanisme de déni, la victime n’imagine pas davantage le pouvoir dont elle pourrait disposer pour assainir la relation et elle ne saisit même pas le mécanisme du drame dont elle est victime.

L’erreur des victimes de relations toxiques, c’est d’imaginer – contre toute évidence – que l’autre ne peut que fonctionner comme elles ; c’est-à-dire, aimer donner, protéger, voir l’autre heureux et serein.

Or, c’est faux, il existe des personnes qui ne se sentent bien que dans le conflit et le reproche et dans toute situation qui terrorise leur.e partenaire et le/la maintient dans la terreur de leur déplaire… et ainsi sous leur coupe.

LA PRISE DE CONSCIENCE, LE RÉVEIL

Il convient donc d’amener les victimes à comprendre que le/la pervers.e narcissique est dénué de tout sentiment bienveillant, de toute compassion ou empathie… et, dans un tel manque d’estime de soi, qu’il/elle ne peut s’accepter et mesurer sa réussite qu’à l’aune de l’amour, de la protection – voire du soutien financier et émotionnel – que sa victime est en mesure de lui accorder.

Je ne parle ici pas seulement de l’archétype du (ou de la) véritable pervers.e narcissique – qui n’est pas si fréquent – mais, dans dans une moindre mesure du (ou de la) pervers.e narcissique occasionnel.le (que je nomme souvent pervers.e narcissique "au petit pied").

Ainsi, par manque de connaissance du processus à mettre en œuvre par manque d’imagination (et parce qu’il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir), peu de personnes, souffrant d’une emprise toxique, imaginent qu’elles pourraient survivre à une séparation.

Leur bourreau les ayant éloignées de leur famille et de leurs amis et convaincues que, sans lui, elles n’étaient rien, peu de victimes d’emprise toxique – même conscientes de la toxicité de la relation – se décident à y mettre un terme.

LA DISRUPTION CRÉATIVE

Les victimes ne sont pourtant pas obligées de mettre fin "physiquement" à la relation (c’est-à-dire en s’éloignant de la personne de leur tourmenteur (ou tourmenteuse).

Il est aussi possible d’y mettre fin "mentalement" en leur proposant un conditionnement psychique mettant comme une distance entre leur bourreau et elles.

Pour cela, les victimes doivent :

  • accéder à une parfaite compréhension du processus dont elles sont les victimes et en particulier du rôle qui est le leur dans ce processus. Il n’y a en effet pas de bourreau sans victime plus ou moins consentante… ou tout au moins "complaisante" (de manière consciente ou non) ;
  • accéder à un niveau de conscience permettant à la victime de cette emprise de comprendre le jeu pervers qui la rend dépendante de son/sa dominateur/trice ;
  • et accepter d’abandonner le rôle de sauveur, de même que l’espoir de “changer” l’autre ; c’est-à-dire de le/la convertir à une relation bienveillante, respectueuse et vertueuse.

Pour ce faire, il convient de les convaincre de casser les codes du jeu pervers dans lequel elles sont enfermées en cessant de se croire obligées de réagir au quart de tour aux provocations, aux reproches ou petites “vacheries” quotidiennes.

Il faut pour commencer les convaincre de faire travailler leur cerveau analytique ; c’est-à-dire de regarder et écouter leur partenaire avec attention (davantage qu’elles n’avaient l’habitude de le faire) et prendre tout leur temps pour réagir et/ou lui répondre… voire ne pas réagir ou ne pas répondre.

3 TECHNIQUES DE DISTANCIATION

Il existe de multiples tactiques, pour ça.

En voici trois que nous souhaitons promouvoir, avec mon excellente consœur et amie le Dr. Ana Gonzalez / Rochester University, USA and The Multidisciplinary Therapist, Montréal / linkedin.com/in/ana-gonzalez-6ab78728 :

LA TECHNIQUE DU "DIMMER" (ou du thermostat)

Cette technique consiste à tenter de mesurer l’émotion exprimée à son insu par son bourreau, pour lui répondre avec une intensité émotionnelle moindre.

Le bourreau, habitué à voir sa victime se tordre de souffrance à ses moindres piques ne comprendra pas ce qui arrive.

Dans ce processus, il usera d’artifices d’intimidation et de colère, pour mettre le calme de sa victime à rude épreuve. Mais, si celle-ci reste imperturbablement calme – et si celle-ci applique sans fausse note cette technique dans la durée – il finira par penser qu’il a "cassé son jouet" et s’éloignera, comme le chat cesse de s'intéresser à une souris qui fait la morte.

LA TECHNIQUE DE LA BLOUSE BLANCHE

Même technique que la seconde, mais il s’agira là d’inviter la victime à agir comme si elle était un médecin venu observer un redoutable pervers.e narcissique, non pas seulement en lui opposant un calme olympien, mais en consignant en même temps scrupuleusement tous les signes de son syndrome de manipulateur (posture, mimiques, gestuelle, ton etc.).

Cette nécessaire distanciation favorisera encore un peu davantage l’effet recherché et la prise de conscience de la victime de ce à quoi elle est en train d’échapper.

La victime verra alors sous un autre jour celui ou celle qui la faisait tant souffrir jusque-là et le retour à la situation antérieure de domination subie deviendra peu probable.

LA TECHNIQUE DU JEU TÉLÉVISÉ

La victime s’imaginera jouant un jeu de rôle avec un participant ou un acteur, incarnant son bourreau, avec la même mission de recueil d’info (en vue d’une restitution). \

Se représentant, non pas avec son bourreau qui la persécute et l’effraie, mais avec une personne moins effrayante, elle aura encore plus de facilité à se mettre à distance et à relever l’excellent jeu d’acteur du bourreau et ainsi à comprendre ce dont elle ne veut plus jamais.

Le Dr. Ana Gonzalez et moi sommes par ailleurs en recherche de témoignages d’emprise toxique familiale (dans la relation de fratrie ou entre parents et enfants). \ Merci de bien vouloir prendre contact en mode privé avec l’un de nous deux:

anavgonzalezl@hotmail.com

ou p.lamy@spring-medicare.fr

Par Philippe Lamy

Thérapeute systémicien (champ social, travail, couple), sexothérapeute, coach adultes HPi (TCA, emprise toxique, insomnies, troubles anxieux, burn-out, phobies etc.)

Workshops, formation, mentoring, supervision Fondateur de Spring-MediCare,

à Lyon le 16/06/2024

Ce site est celui d’un thérapeute référencé par Spring Medicare. C’est une plateforme qui rassemble et fédère des médecins, thérapeutes et praticiens psychocorporels.

Philippe Lamy
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